Au Ghana chaque roi, chaque chef est accompagné de son "Okyeame", son porte-parole, qui reformule les demandes du peuple et retourne les réponses du chef. Ce système a pour avantage de tempérer les propos des uns et des autres et d'apaiser en partie les éventuelles tensions entre le roi et ses sujets. Le bâton de parole est l'attribut du linguiste. Il porte à son extrémité un motif sculpté illustrant un proverbe, souvent plaqué à la feuille d'or.
Photos de Jake KY ANDERSON |
Le mot akan "okyeame" se traduit habituellement par "linguiste", faute de mieux. Le linguiste remplit les rôles de porte-parole, ambassadeur, diplomate, interprète, confident, conseiller et assistant d'un ancien ou d'un chef... Dans les cours akan, toutes les cérémonies religieuses prennent la forme de libations de vin de palme ou de schnaps, que seuls les linguistes (ou ceux jouant le rôle de linguiste) répandent sur le sol à l'intention des dieux et des ancêtres. Quand la personne du chef est sacrée - car possédée par les ancêtres matrilinéaires - les membres de l'assemblée ne peuvent lui adresser directement la parole ; le linguiste sert alors d'intermédiaire. Et quand un membre exprime ses idées crûment, il est très fréquent que l' okyeame les reformule dans un langage plus courtois et réfléchi. On dit parfois que les anciens à la cour d'un chef parlent le "langage des morts". En réalité, lorsque les aînés se retirent pour délibérer, ils s'expriment en recourant à des proverbes traditionnels. Mais comme le peuple n'est pas en mesure de comprendre la signification de ces sentences, il appelle ce langage le langage des morts.